25 octobre 2013: La pyramide du PMIC, version Québécoise!

Le Professional Moutain Bike Instructor Certification (PMIC) a produit la pyramide des 6 étapes de la maîtrise d'un vélo de montagne. Voici le schéma utilisé partout sur la planète.

Pour ma part, je vous présenterai enfin ma pyramide. Pourquoi avoir attendu si longtemps?

Simplement parce que ça a pris 4 années pour rencontrer les spécialistes de chacune des disciplines présentées ci-dessous et suivre leurs formations de perfectionnement. De plus, je me suis entraîné avec eux et j'en ai affronté certains en compétition.

Maintenant que ce long processus est terminé, voici le résultat final.

Allons-y étapes par étapes.

1ere étape : La posture corporelle / le Trial
La posture corporelle a une son influence sur l'équilibre du cycliste et l'adhérence des pneus (le seul contact entre le vélo et le sol). C'est le minimum requis pour ne pas chuter. Rouler en Trial, c'est l'idéal pour s'y perfectionner.

2e étape : La vision / le Motocross et l'Endurocross
Pour ma part, je placerai le regard en 2e étape et non à la 3e étape comme le PMIC. Pourquoi? À cause de mon expérience en motocross. Sur les pistes Pee-Wee destinées aux jeunes de 4 à 6 ans, on leur apprend à regarder au bon endroit lorsqu'ils roulent sur des motos 1 vitesse à transmission automatique. C'est seulement par la suite qu'on leur fournira une moto 5 vitesses à transmission manuelle. De plus, les champions de vélo de montagne accordent une importance capitale à la vision (Bruce Spicer XC en 1999 dans son DVD de pilotage et Nicolas Vouilloz DH en 2012 pour ne nommer que ceux-là) et je suis très à l'aise avec son changement de place dans la pyramide.

3e étape : La mécanique / le Cross-country
Un vélo de cross-country est muni de 20 à 27 vitesses! Aucune autre monture hors-route n'en a autant!!! C'est bien en XC que les spécialistes des changements de vitesses se trouvent. Et comme le franchissement de la plupart des obstacles en vélo de montagne nécessite une vitesse d'approche appropriée, il faut savoir accélérer ou ralentir correctement.

4e étape : La direction / le Freeride
Le contrôle de la direction inclut la prise de différents types de virages (court, long, en épingles, etc.) et d'angles (à plat, inclinés, en dévers, etc.) que l'on retrouve dans la pratique du vélo de montagne XC/DH. Les Freeeriders eux, ils ajoutent à cela de gigantesques "wallride", "backflips" et vrilles pour changer de direction! Ils méritent leur place ici. En ce qui concerne l'utilisation des suspensions pour se rediriger, cela nous mène à la 5e étape.

5e étape : La pression / le BMX
Le contrôle du poids en "weighting/unweighting" est facile à comprendre en théorie, mais dur à maîtriser en pratique. Une fois que c'est acquis, c'est une toute nouvelle façon de rouler qui s'offre aux cyclistes. Puisqu'il n'y pas de suspensions et de pédales automatiques ("clips") sur les vélos de BMX, on réalise rapidement son efficacité, particulièrement en Pumptrack. Ensuite, on peut ajouter les pédales automatiques et les suspensions pour accentuer cet effet.

6e étape : La coordination / la Descente
Le "timing", c'est en descente qu'il en faut le plus. Rappelez-vous le duel entre Gee Atherton en vélo (champion de descente) et David Knight en moto (champion d'endurocross) dans une piste de DH. C'est le cycliste qui l'a remporté sur le motocycliste en utilisant une multitude de petits mouvements rapides qui nécessitent la maîtrise de toutes les étapes précédentes et leur exécution sans aucune hésitation!

La flèche verte
La maîtrise des étapes de la base de la pyramide nous mène le sommet et c'est ce que je voulais l'illustrer.

La flèche rouge
Cependant, même une fois rendu au sommet, on peut y redescendre très rapidement. C'est ce que j'expliquerai avec le graphique suivant et une expérience que j'ai vécue cet automne en BMX.

J'ai fait beaucoup de BMX «race» durant ma jeunesse et j'ai ensuite arrêté pendant 18 années. Je me croyais au sommet de la pyramide en BMX, jusqu'à temps que je recommence cet automne. J'ai été confronté à un obstacle actuel qui n'existait pas dans les anciens parcours (nouvel environnement) et je ne possédais aucune expérience dessus (coordination du corps). Ça m'a obligé à revenir au bas de la pyramide. Pour remonter au sommet à nouveau, j'ai dû passer par les étapes suivantes.

Le graphique de la progression hors-route
J'ai commencé par observer comment les autres BMXers franchissaient cet obstacle (posture corporelle, techniques utilisées et coordination). C'est là que je me suis rendu compte que je me faisais lessiver par certains jeunes de 12 ans, mais qui étaient plus expérimentés que moi! Une fois que j'ai compris comment procéder, je me suis pratiqué une dizaine de fois à exécuter ces mouvements à basse vitesse.

Une fois que mes mouvements sont devenus de plus en plus fluides et que je me sentais davantage confiant, j'ai commencé à ajouter de la vitesse graduellement. À force de pratique appropriée, j'ai finalement réussi à passer sur l'obstacle très rapidement.

C'est cette méthode d'apprentissage des techniques de pilotage, efficace et sécuritaire, qui est illustrée par les 4 flèches du graphique.

Le modèle Européen
L'épreuve du Trophée des Jeunes oblige les participants à pratiquer le Trial/XC/DH avec le même vélo de montagne et d'utiliser des pédales plates («flats») lors de l'épreuve du Trial. Ainsi, les jeunes se perfectionnent sur les 1ere/3e/5e/6e étapes de ma pyramide. C'est tout à fait logique de comprendre pourquoi cette épreuve existe depuis 20 ans et qu'on ne remet pas du tout en question sa place dans leur programme de développement.

La popularité grandissante du vélo de montagne de type "enduro" en Europe s'explique en partie pour leur intérêt à Freerider (4e étape). En effet, les DVD et les livres de pilotage européens regorgent d'exercices «fun» et de «play riding». Quant aux motocyclistes hors-route de haut-niveau (2e étape), ils participent eux-aussi aux épreuves d'enduro cycliste tellement cette discipline est excitante et amusante.

La vitesse Nord-américaine
Contrairement aux Européens, nous n'avons pas une culture cycliste multidisciplinaire touchant aux 6 étapes de la pyramide. Pourtant, nous voudrions atteindre nous-aussi le sommet… et rapidement en plus!!! L'instructeur en pilotage Gene Hamilton de BetterRide aux États-Unis a partagé une anecdote humoristique à ce sujet :

Cycliste de montagne: Alors, tu es un professeur de vélo de montagne. Peux-tu m'enseigner à sauter?

Gene: Oui, mais pour cela, il faudrait que je te montre à rouler correctement un vélo de montagne en premier.

Cycliste de montagne: Je sais très bien comment rouler en vélo de montagne, mais je n'arrive juste pas à sauter.

Gene: Mais si tu sais comment piloter un vélo de montagne, pourquoi ne sais-tu pas sauter?

Cycliste de montagne: Tu ne comprends pas, je suis un cycliste Expert, c'est juste que je n'arrive pas à sauter correctement, c'est tout.

Gene: Oui, mais pour sauter, tu dois rouler en contrôle et en équilibre. Tout ce que tu as besoin pour bien sauter, c'est de rouler en contrôle.

Cycliste de montagne: J'ai essayé, mais j'ai tombé en tentant de sauter.

Gene: Si tu roules en contrôle et correctement, tu ne tomberas pas, même lorsque tu sauteras. Je peux t'enseigner ça et ensuite je pourrai te montrer comment sauter.

Cycliste de montagne: Ouin, mais pourrais-tu juste m'enseigner à sauter?

Gene: Soupir de découragement...

Sur ce, je retourne rouler en BMX «race». Car depuis 18 ans, les parcours et les techniques ont évolués et je dois continuer à me remettre à jour!

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