7 juin 2011: Comment ajuster correctement ses suspensions

J'ai eu l'occasion d'assister à une formation en ajustement de suspensions avec Elka Suspension. Je vous partagerai quelques trucs et astuces ci-dessous.

Mais tout d'abord, Elka Suspension, vous connaissez? C'est une entreprise québécoise (située à Boucherville) spécialisée en fabrication d'amortisseurs personnalisés aux besoins du client. Une brève présentation en 9 énoncés:

  1. Ils ont plus de 10 ans d'expérience dans le milieu du quad et autres véhicules hors-route.
  2. Il y a eu 2 ans d'étude de marché suivi de 16 mois de travail et de recherche/développement d'effectué avant de lancer leur gamme d'amortisseurs pour vélo de montagne de descente.
  3. Leur produit est un design entièrement québécois et utilise plusieurs pièces provenant de fournisseurs locaux du Québec.
  4. Elka emploie environ une trentaine d'employés à temps plein à Boucherville.
  5. Ils ont des centres de service et de distribution dans plus d'une vingtaine de pays et leurs produits se retrouvent partout à travers le monde.
  6. Plusieurs champions nationaux de divers pays et dans plusieurs disciplines roulent leurs produits.
  7. Chaque suspension produite est unique ajustée en fonction de son acheteur et testée individuellement sur un dynamomètre pour assurer un contrôle-qualité à toute épreuve.
  8. La remorque de service est présente à certaines courses de la Coupe du Québec de vélo de montagne et offre du support technique gratuit à tous les clients Elka.
  9. La Champion du Québec 2010 Sénior Élite de descente (Charles-Alexandre Dubé) roulera leurs produits cet été.

Maintenant que les présentations sont faites, passons aux ajustements. Ne soyez pas découragé par la longueur du texte, Patrick Tellier (Directeur Marketing & Produits Vélo de Montagne chez Elka Suspension) a très bien vulgarisé ce que l'on doit connaître à ce sujet.

La première chose à vérifier lors de l'ajustement d'une suspension est le "Sag" (ou l'affaissement statique).
Généralement, il doit être aux alentours de 30% pour la descente et autour de 20 à 25% pour les autres disciplines. Le «Sag» est la mesure de l'affaissement du vélo lorsque le cycliste est dessus. Les fourches récentes sont maintenant munies d'un indicateur de «Sag» sur l'un des plongeurs.

Ensuite, c'est le «setting» pour sentir le «feeling» du «Rebound» de l'amortisseur arrière.
On peut le vérifier en se mettant de debout à côté de vélo et on pesant sur la selle avec nos mains. En compressant ainsi le vélo, le derrière doit remonter sans que la roue arrière lève dans les airs. C'est une question de SÉCURITÉ. Si la suspension revient trop rapidement, elle va catapulter le cycliste lors d'un gros impact. Sur un amortisseur arrière Elka, la règle d'ajustement est très simple. Elle se nomme le 9-9-9. Les ajustements du «Low Speed» (bouton rouge), du «Rebound» (autre bouton rouge) et du «High Speed» (bouton noir) recommandés sont tous à 9 clicks. Les deux boutons rouges sont "FFI" (on visse au complet, le premier click est 0 et ensuite on dévisse 9 clicks From Full In) et le noir est "FFO" (on dévisse au complet et ensuite on visse 9 clicks From Full Out).

Mais quelle est la différence entre le "High Speed" et le "Low Speed"?
Le «Low Speed» agit lorsque le poids descend vers le sol (au pédalage, freinage, accélération, virage, etc.) et le «High Speed» agit lorsque le poids ne veut plus bouger mais que les roues veulent remonter (impact des obstacles à haute vitesse). À titre informatif, veuillez prendre note que le «Low Speed» et le «Rebound» contrôlent la même vitesse d'amortissement lors de l'impact entre 0 à 15 pouces/secondes et le «High Speed» contrôlent à plus de 15 pouces/secondes.

Dans un monde parfait et idéal, le corps du cycliste et le cadre du vélo ne bougeraient jamais et seules les roues, à l'aide des suspensions, bougeraient. Côté physique, ça serait le mieux, mais en réalité, les pilotes veulent du «feeling». Des suspensions mortes et sans sensation ne sont pas intéressantes à rouler.

Pour la fourche avant, l'idéal est de trouver un compromis entre le confort et la fermeté.
Une fourche molle sera confortable sur les petits impacts d'une cycliste débutant, mais deviendrait inefficace sur de gros impacts d'un cycliste aguerri roulant plus vite et plus dur. À l'opposé, rouler une fourche ferme est plus fatiguant car les impacts sont directement transmis au corps du cycliste. Si le cycliste de calibre avancé absorbe les chocs, il appréciera cet ajustement. À l'opposé, un cycliste moins bon subirait les impacts et se ferait brasser.

En résumé, un devant trop mou rendra les transferts de poids difficiles et un devant trop dur sera fatiguant à piloter. Il faut donc trouver un compromis entre les deux.

Pour vérifier le bon ajustement et le travail adéquat de la fourche et de l'amortisseur, on demandera au cycliste d'aller rouler debout sur l'asphalte et de compresser les suspensions en poussant son poids vers le sol. Le but recherché est que la suspension travaille de façon balancée entre l'avant et l'arrière, c'est-à-dire que le cadre du vélo descende vers le sol à la même vitesse à l'avant et l'arrière et reviennent en extension à la même vitesse après une compression.

IMPORTANT: Si le «Sag» est approprié, la fourche et l'amortisseur travaillent bien ensemble, que la vitesse de mouvement est correcte et que le «rebound» est bien ajusté, 80% du «tuning» efficace d'une suspension provient de ces 4 ajustements.

Maintenant, attardons-nous au 20% qui est la personnalisation des amortisseurs.
Un cycliste débutant reçoit les impacts et désirera rouler mou. À l'opposé, un cycliste pro absorbe les impacts et voudra rouler des suspensions fermes. Aussi, un cycliste qui aime rouler le terrain (comme dans une «pumptrack») roulera plus mou et un cycliste qui aime sauter roulera un «Rebound» qui donnera de l'impulsion pour lever dans les airs.

Pour terminer, si vous avez effectué tous ces ajustements, vous êtes maintenant rendu à l'étape de l'essai en sentier. Pour bien réussir le test, il faut utiliser la piste que l'on connaît le plus (car on a plusieurs points de repères et que l'on roule en terrain connu) et dans les mêmes conditions qu'à l'habitude (terrain sec ou humide).

Après avoir essayé ce sentier à quelques reprises, vous êtes en mesure de vous poser les 3 questions suivantes :

  1. Y'a-t-il quelque chose d'inhabituel qui me fait douter de mes suspensions?
  2. La performance est-telle là?
  3. Est-ce confortable à rouler?

La recette du succès en ajustement de suspensions est de trouver le meilleur compromis entre la CONFIANCE, la PERFORMANCE et le CONFORT.

Si l'essai n'est pas concluant, voici maintenant comment résoudre les problèmes. L'erreur la plus fréquente lors de l'essai des suspensions est de seulement faire un tour de piste. Il faut au moins faire 4-5 pour s'habituer au «feeling» et «sentir» le vélo. Il y a près de 80% des troubles qui se règlent simplement après avoir fait quelques essais supplémentaires pour se donner la chance de s'habituer aux changements et adapter notre pilotage à la suspension. De plus, il faut se concentrer sur la piste et arrêtez de penser! Souvent, en ne se concentrant que sur le travail des suspensions, on oublie de rester «focus» sur la piste.

Pour conclure, voici les phrases les plus souvent entendues après avoir modifié l'ajustement des suspensions:

«J'pogne le fond, j'bottom pis ça cogne»
En fait, lorsque le débattement entier des suspensions est utilisé, il y a une sensation de frapper le fond et cela doit se produire à l'occasion. Par contre, c'est seulement si cela est fréquent et qu'il y a une sensation d'accoter le métal sur le métal, il faut envisager de raidir les suspensions. Si cela se produit à haute vitesse, il faut ajuster le "High Speed" en conséquence et si cela se produit lors d'une impulsion tel un "Bunnyhup", ce sera l'ajustement du "Low Speed" qui sera à revoir.

«J'perds le devant»
Il se peut que le vélo soit mal balancé (la fourche et l'amortisseur ne travaillent pas simultanément) ou que le pilote n'effectue pas correctement son transfert de poids. Une fois de plus, le cycliste et les suspensions doivent travailler en équipe et non l'un contre l'autre.

«J'suis pas confortable, j'me fatigue»
Les suspensions sont trop fermes et fonctionnement trop dur «overall». Un ajustement plus mou réglera ce problème.

«Ça jump pas comme il faut»
Il faut commencer par demander à quelqu'un si les deux roues quittent le sol en même temps. Si l'amortisseur et la fourche ne sont pas balancés, le vélo ne décollera pas du sol correctement (soit en chandelle ou en piquant du nez). Si les deux suspensions travaillent bien ensemble, c'est la vitesse du «Rebound» qui sera à revoir.

«Les shocks travaillent pas»
Il s'agit d'un réglage trop «stiff overall».

«J'perds de la vitesse dans le gros rough»
Il s'agit d'un réglage trop «soft overall».

Ci-dessous, je vous partage des photos des locaux d'Elka Suspension. J'y suis allé avec Charles-Alexandre et Patrick nous a fait passer une très belle journée. Les photos montrent également une partie du travail qui a été accomplie sur nos vélos.

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